Tableaux romantiques, entre romantisme allemand et post-romantisme russe
Avec Fanny Azzuro, piano Pierre Lodice, direction
Présentation du concert par Olivier Bellamy
Mozart Symphonie No. 25
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Schumann Concerto en la mineur pour piano et orchestre
Fondée en 1995, l’association OPUS-Orchestre Des Alpes du Sud, est un orchestre
composé de musiciens amateurs, de grands élèves des conservatoires et écoles de
musique, encadrés par des musiciens professionnels de départements alpins, 04 et 05.
Seul orchestre permanent des Alpes du Sud, Opus se produit aussi bien dans les villes
que dans les plus petits villages du territoire.
Issue d’une famille de musiciens originaire d’Italie, lauréate de concours internationaux,
Fanny Azzuro imagine les sons gorgés de couleurs, dans le souvenir de paysages éclairés
de chaudes lumières. Les soleils du romantisme et des œuvres de la première moitié du
20e siècle traversent, aujourd’hui, ses interprétations.
Le monde sonore qui naît sous les doigts de cette Artiste Yamaha s’est nourri de
rencontres riches.
Fanny Azzuro est une narratrice qui convie l’auditeur à des escapades aux multiples
résonances. Elle en assure seule la conduite ou bien en compagnie d’autres artistes et de
grands ensembles de musique de chambre. Elle côtoie ainsi les solistes les plus
remarquables d’aujourd’hui, quatuors, instrumentistes à cordes et à vents,
percussionnistes…
Pierre Iodice a été chef de chœurs à l’Opéra Royal de Liège.
Olivier Bellamy est un journaliste, animateur radio, auteur, présentateur, récitant français
né à Marseille le 29 décembre 1961. Il a été plusieurs fois récompensé pour son émission
Passion Classique. Il fait son entrée aux Grosses Têtes de RTL le 30 août 2022. Il est
chroniqueur au Point, grand reporter à Classica, contributeur à la Revue des Deux
Mondes, et assure la direction artistique de Marseille Concerts depuis décembre 2022.
Programme de la soirée :
Composée à Salzbourg en octobre 1773, la Symphonie n°25 en sol mineur (K. 183) est
l'une des premières œuvres marquantes du jeune Wolfgang Amadeus Mozart, âgé de
seulement 17 ans. Elle est souvent appelée la "Petite Symphonie en sol mineur" pour la
distinguer de la plus célèbre Symphonie n°40, également en sol mineur. Cette tonalité,
rare chez Mozart, confère à l'œuvre une atmosphère dramatique et passionnée,
préfigurant les accents romantiques qui émergeront dans la musique des décennies
suivantes.
La symphonie se compose de quatre mouvements : Allegro con brio, Andante, Menuetto
et Allegro. Dès le premier mouvement, l'œuvre exprime une intensité saisissante avec des
motifs rythmés et de puissantes dynamiques orchestrales. L'usage des cors et des
hautbois, qui renforcent la couleur sombre de l'œuvre, témoigne de l'influence du style
Sturm und Drang, un courant artistique prônant l'expression de l'émotion brute et des
contrastes marqués.
Lyrique, exalté, romantique… Le Concerto pour piano de Robert Schumann est l’un des
favoris du public depuis sa création. Il est aussi l’unique de son auteur.
Année 1840, à Leipzig. Après bien des difficultés, Robert Schumann a enfin réussi à
épouser l’élue de son cœur, la talentueuse pianiste Clara Wieck. Les jeunes époux sont
au début de leur vie conjugale et tout se passe pour le mieux.
Robert est dans un bon élan créatif, en particulier dans le domaine du lied.
Cependant, cela fait un moment qu’il songe à composer un concerto pour piano, sans
pour autant y parvenir. En 1839, il en est déjà à quatre tentatives avortées. Il envisage
alors une forme intermédiaire : « Quelque chose entre la symphonie, le concerto et la
grande sonate, écrit-il, car je vois que je ne peux pas écrire un concerto pour virtuose… il
faut que je songe à autre chose. »
De son côté, à seulement 21 ans, Clara est déjà une brillante pianiste et compositrice. Dès
l’âge de 10 ans, elle livre des premiers écrits prometteurs, et à 16 ans, en 1835, elle crée
son propre Concerto pour piano, sous la direction de Felix Mendelssohn. À cette époque,
elle connaît déjà Robert, qui la conseille et l’encourage.
Après son mariage, en 1840, Clara Schumann met la composition de côté pour se
consacrer à sa famille. Cela ne l’empêchera pas de continuer à se produire en concert tout
au long de sa vie.
Les réflexions de Robert finissent par aboutir et en mai 1841, il livre une pièce appelée
Fantaisie pour piano et orchestre, dédiée à Clara, qui deviendra le premier mouvement de
son Concerto pour piano quatre ans plus tard.
« Quand toutes les nuances seront bien au point, écrit Clara dans son Journal intime en
août 1841, la Fantaisie produira certainement la plus profonde impression sur les
auditeurs. Le piano est si délicatement enchevêtré avec l’orchestre qu’on ne saurait
penser l’un sans l’autre. »
À l’été 1845, Schumann revient sur sa Fantaisie et décide de lui ajouter deux autres
mouvements pour en faire un concerto.
Les deux nouveaux mouvements s’enchaînent à merveille avec le premier : aucune
rupture de style ne se fait sentir entre la Fantaisie et la suite du Concerto. Le dialogue est
fluide et équilibré entre le soliste et l’orchestre, et le lyrisme de l’écriture ne peut que
séduire.
Le premier mouvement – notre ancienne Fantaisie, s’ouvre par un thème mélancolique au
hautbois, ensuite développé au piano. On devine la présence en filigrane de deux
personnages chers à Schumann et tout droit sortis de son imagination, Florestan et
Eusebius, qui s’expriment sans cesse dans sa musique, miroirs de sa personnalité
complexe. Si le premier est passionné et fougueux, le second se montre tendre et délicat.
L’Intermezzo, le deuxième mouvement, est une parenthèse poétique et intime. Nous
sommes ici davantage dans le domaine de la musique de chambre. La partition n’est par
ailleurs pas sans rappeler l’écriture de Mozart.
À l’inverse, le finale se veut conquérant, brillant, et peut évoquer le troisième mouvement
du Concerto « Empereur » de Beethoven.
Quand il achève son Concerto pour piano, Schumann n’est pas au meilleur de sa forme :
les dernières années ont été difficiles, le compositeur est sujet à des angoisses et sombre
parfois dans la dépression. Il devient nerveux, irritable.
La création du Concerto a lieu à Dresde le 4 décembre 1845. Ce jour-là, c’est Clara qui
est au clavier, sous la direction de Ferdinand Hiller. Le public semble sceptique, ce qui
rend Clara furieuse. Heureusement, lors de sa reprise le 1er janvier 1846 à Leipzig, sous
la direction de Felix Mendelssohn, ami des Schumann, c’est un triomphe ! Son succès ne
cessera d’aller crescendo.